Pour résumer, c'est l'histoire d'une famille de Tanger qui se réunit pour l'enterrement du patriache dans la demeure familiale. Les personnages principaux sont exclusivement féminins : la veuve et ses trois filles, l'aînée, prof un peu coincée, l'éternelle bonne élève, la seconde obnubilée par la chirurgie esthétique, paniquée par l'échec de sa vie et la troisième, actrice expatriée aux Etats-Unis, spécialiste des rôles de terroriste d'Al Qaïda. Autour d'elles et de leurs histoires, un lourd secret, une grand-mère très drôle, un père autoritaire dont même mort il faut se défaire.
Maman-Good
Les gros atouts de ce film : la musique et la lumière. Les deux lui donnent une atmosphère si particulière qui nous mène directement dans cette si jolie maison de Tanger. La bande originale est juste "whaou".
Le découpage du film est réussi avec le fil des trois jours rythmant un enterrement selon la tradition au Maroc. Ne connaissant absolument pas ces traditions, j'ai trouvé cela plutôt intéressant tout comme la modernité filmée des nuits à Tanger.
J'ai aimé la langueur qui transparaissait des images, comme celle que l'on ressent lors des très chaudes journées d'été. Les détails et les décors sont filmés avec une finesse qui donne envie de boire le thé à la menthe, de manger la figue, de savourer la vue.
L'histoire est bien ficelée même si selon moi le happy end final n'était pas nécessaire ou alors j'aurais préféré qu'il soit davantage suggéré.
Il y a de jolis moments émouvants et d'autres plein d'humour.
Le film est très féminin d'ailleurs les acteurs masculins ont du mal à exister face à toutes ces femmes. Le quatuor d'actrices est fabuleux. En parallèle, il montre bien la difficulté de l'émancipation féminine, les choix et les questionnements des femmes.
Mais si ce film raconte un pays et des traditions, il aborde aussi des thèmes très universels comme les rapports dans les fratries, ces moments familiaux où l'amour se mêle à la rancoeur, aux secrets, aux non-dits.
Maman-Bad
J'ai été partagée par le choix du fantôme du patriache (joué par Omar Sharif) décédé qui revient à plusieurs reprises dans le film. Certes Omar Sharif reste Omar et on est content de le voir à l'écran mais sa non réactivité par rapport aux événements du film m'a un peu déconcerté et j'ai eu du mal à trouver crédible sa relation avec son petit-fils. Je crois que j'avais surtout hâte de retrouver les autres personnages pour connaître l'avancée de l'histoire et il faut savoir qu'en règle générale ce procédé me déplaît dans les films. Les revenants ce n'est pas mon truc !
Un conseil pour ce week-end qui s'annonce pluvieux, retournez dans les salles obscures pour aller voir Rock The Casbah de Laïla Marrackchi. Je n'ai pas vu Marock son premier film donc je ne peux pas comparer mais ce film m'a beaucoup fait penser à Caramel dans lequel joue aussi la fabuleuse Nadine Labaki, que j'avais aussi beaucoup aimé. Lors de la rencontre avec la réalisatrice à la suite de la projection, celle-ci a indiqué qu'elle appréciait beaucoup les films de Jane Campion, on y retrouve cette lenteur qui suspend le temps ou une image pour les sublimer. Ce film fut vraiment une jolie découverte, je ne peux que vous inviter à y aller, ça sort aujourd'hui.
Moi aussi j'ai aimé et il y a des places à gagner chez moi (dernier jour) !
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